La Charente

Après un mini aventure sur l’Orne écourtée suite à une mauvaise évaluation d’un passage de barrage et une casse d’aileron, l’appel de la nature se faisait de plus en plus pressant.

Ayant envie de retrouver amis et famille après cette période COVID, je décide donc de partir pour une randonnée de 2 jours. Au programme, une remontée de la Charente à contre-courant sur 60 km. Le programme initial était basé sur 3 jours pour rallier Angoulême mais la section Cognac – Angoulême comporte 19 écluses, à raison d’une écluse tous les 2,5kms. Le ratio 20 min de paddle pour 15min de passage d’écluse m’a semblait que de peu d’intérêt.

Alors pourquoi se compliquer la vie à pagayer à contre-courant alors qu’il suffit de faire Cognac Saint Savinien pour profiter de la balade à moindre effort ? La réponse est simplement dans le cadre d’une participation à une ultra race de 220km en septembre aux Pays Bas.

Niveau bivouac, ça reste luxe, une nuit avec matelas gonflable et un bivvy bag, la deuxième, en famille. Il faut y aller progressivement !!!

# Jour 1 : Paris – Saint Savinien

Mes amis habitant La Rochelle, me voilà parti avec mon matériel en RER puis en TGV depuis Paris Montparnasse. Qui dit randonnée, dit optimisation du matériel. Pour l’occasion, je teste un nouveau sac convertible développé par ITIWIT. L’avantage est de n’avoir qu’un seul sac avec le matériel de SUP et le matériel pour mes 2-3 jours. Je reconnais, pour que ça passe, il faut voyager light. Hors matériel de paddle, mes affaires se résument à un sac de couchage, un bivvy, un matelas gonflable ainsi que la nourriture, poches à eau et mes habits de paddle sans oublier le plus important, ma ceinture d’aide à la flottabilité, sécurité first. C’est sûr, on se sent un peu comme une tortue ninja et on ne passe pas inaperçu dans la gare mais ça y est, dans 2h30, je suis à La Rochelle.

 

# Jour 2 : Saint Savinien – Chaniers

Réveil à 6h, on rallie le point de départ, le barrage de Saint Savinien. Le départ depuis Rochefort est faisable mais en ce 14 juillet, les heures de marée ne correspondent pas et il est inenvisageable de ramer à contre-courant avec en plus le descendant.

C’est parti, je déploie le matériel et commence à gonfler mon paddle. Après quelques minutes en mode « Shadoks », me voilà prêt. La journée s’annonce bien, température clémente et soleil voilé, parfait pour une randonnée longue distance

 

 

Après quelques kilomètres, je retrouve les carrelets, dispositifs de pêches que l’on retrouve sur la Charente et sur la Gironde. Un système de poids et un dispositif type manivelle permet de baisser et lever ce filet carré. A chaque levée, c’est la surprise de découvrir sa pèche, ou pas. Le paysage de la rive alterne entre carrelets et petits pontons ou baraques de pécheurs. Je glisse tranquillement, le contre-courant se ressent dès que j’arrête de pagayer mais cela parait facile.

La randonnée se poursuit, passage à côté du Château de Panloy. Je croise quelques ragondins sur la rive, des hérons et vaches. La faune reste assez rare finalement, peu d’oiseaux mais un festival de poissons qui sautent et chassent les insectes de surface. Il y a juste à profiter de se que la nature nous offre, ouvrir les yeux et les oreilles. Je croise de belles demeures tout au long de la journée ainsi qu’une flore dominée par les tons jaunes et violets. La stabilité de la planche permet de se retourner, de se déplacer sans se mettre en difficulté. Ce test me rassure car cette planche me servira mon l’expédition en Estonie, le comportement est sain

Passage par Saintes et me voilà arrivé à mon lieu de bivouac à Chaniers après 32 km parcourus. Ici, pas de pont mais un bac pour traverser. Le bivouac sera minimaliste, le paddle me servira d’isolant et le bivvy de protection

# Jour 3 : Chaniers – Cognac

La journée démarre avec un lyophilisé froid. Il fallait tester, ça fonctionne mais c’est meilleur chaud.

Remise à l’eau et 800m plus loin, première écluse du voyage, l’écluse de La Baine. Le contre-courant se fait plus sentir à cause de la déviation de la Charente, entre écluse et dénivelé.

Les attaches rapides du sac étanche permettent un démontage facile pour pouvoir monter à l’échelle et poser le sac et la pagaie. J’avais prévu une sangle pour lever la planche au cas où car la sangle centrale est très pratique pour porter le SUP mais impossible de le prendre à plus d’un mètre de haut. Les poignées avant et arrière sont donc très pratique pour fixer-attacher des choses. Une fois la sangle fixée à la poignée arrière, levage du SUP et récupération sur le ponton. Je transfère le tout de l’autre côté et c’est reparti. 15min de manipulation pour trouver ses marques. Heureusement, pas de bateau à l’horizon, je ne gêne personne.

La randonnée continue, je tombe sur un arbre remplit de libellules bleues. Ces libellules sont des Caloptéryx splendides. Après avoir profité pendant une bonne dizaine de minutes, je repars et là, je m’aperçois que je suis devenu taxi pour libellule. Cette beauté m’accompagnera pendant plus de 3km avant de reprendre son envol.  Peut être que sur la photo 2, vous trouverez ses copines, bonne recherche.

Les kilomètres défilent et me voilà rendu à Cognac : passage par le port de plaisance, puis par la célèbre maison Hennessy avant d’arriver à la dernière écluse de la journée. Je longe l’Ile David et je retrouve plus loin mon neveu et ma nièce qui m’attendent en vélo. Les encouragements me revigorent un peu, les bras commencent à peser, cette deuxième journée en contre courant tire sur la machine. Après quelques centaines de coups de pagaie, je suis accueilli par une famille de cygne et ma famille. Je finis à genoux car le cygne me fait comprendre qu’il est là pour protéger sa famille. En bonne intelligence, j’avance doucement, sans aller droit sur eux et ils s’écartent tranquillement, toujours un regard vers moi. Je reste l’intrus, le drôle de machin sur l’eau, ils sont chez eux, à nous respecter ça.

Si il y a un bilan à tirer de tout ça, c’est que la Charente est belle, oui elle l’est. Il y a tout ce qu’il faut pour une belle randonnée, de quelques heures à quelques jours. L’idéal est je pense de calculer avec la marée et de partir de cognac pour arriver à Port de Barques, non loin du Fort Boyard. La marée est primordiale pour la partie Saint Savinien – Port des Barques.

Prenez soin de vous et de la planète

Hervé