Se challenger pour Estonian Fund for Nature ELF
Le fonds estonien pour la nature est une organisation non gouvernementale dédiée à la conservation de la nature. Fondé en 1991, ELF est devenue une fondation en 1999. Grâce aux initiatives d’ELF, des parcs naturels et des réserves fauniques ont été créés et des inventaires approfondis pour cartographier les ressources naturelles de l’Estonie ont été réalisés.
Estonian Fund for Nature est une organisation à but non lucratif et déclarée d’intérêt général. Sa mission est de préserver les espèces menacées et leurs habitats, les paysages naturels et les associations naturelles typiques de l’Estonie. Elle promeut l’utilisation durable des ressources naturelles, sensibilise la société à l’environnement et recherche des solutions pour préserver un environnement propre pour les générations futures. Estonian Fund for Nature est également membre de SEA ALARM, participe aux actions du WWF en lien avec la mer baltique et soutient la mise en œuvre de différentes conventions internationales de conservation en Estonie comme par exemple HELCOM, la Convention d’Aarhus et EUROBATS
Pour en savoir plus sur ELF, cliquer sur le logo
Le SUP trip
Ce projet consiste donc à découvrir et à faire découvrir la richesse de l’Estonie au travers d’une randonnée longue distance.
Côté nom, nous avons décidé de baptiser ce projet le VEEHALDJAS Project. Veehaldjas est l’esprit de l’eau dans la mythologie estonienne, cela nous a semblé en totale adéquation avec nos valeurs.
Le projet se tiendra la dernière semaine d’avril et la première semaine de mai 2022. Il sera donc nécessaire de prévoir des changements climatiques important car cette période reste une période de transitions, avec possiblement de la neige et des températures négatives.
Qui dit randonnée longue distance dit forcément parcours. Initialement nous souhaitions passer par la Narva au nord ouest du pays pour finir en mer baltique mais les autorités en ont décidé autrement.
Après réflexion, le voyage se fera donc avec 3 transits pour ne pas faire un seul parcours mais étendre la découverte avec un maximum de couverture du sud-ouest, à l’ouest & au nord de ce beau pays.

Ce projet consiste donc à découvrir et à faire découvrir la richesse de l’Estonie au travers d’une randonnée longue distance.
Côté nom, nous avons décidé de baptiser ce projet le VEEHALDJAS Project. Veehaldjas est l’esprit de l’eau dans la mythologie estonienne, cela nous a semblé en totale adéquation avec nos valeurs.
Le projet se tiendra la dernière semaine d’avril et la première semaine de mai 2022. Il sera donc nécessaire de prévoir des changements climatiques important car cette période reste une période de transitions, avec possiblement de la neige et des températures négatives.
Qui dit randonnée longue distance dit forcément parcours. Initialement nous souhaitions passer par la Narva au nord ouest du pays pour finir en mer baltique mais les autorités en ont décidé autrement.
Après réflexion, le voyage se fera donc avec 3 transits pour ne pas faire un seul parcours mais étendre la découverte avec un maximum de couverture du sud-ouest, à l’ouest & au nord de ce beau pays
Préparation du matériel
Pour cette expédition, il va falloir voyager léger. Au programme, 2 sacs de 140 litres pour amener le stand up paddle, tout le matériel de navigation ainsi que tout le matériel de bivouac.
Coté sécurité : couverture de survie, trousse de premiers secours, lampe flash étanche, kit de réparation de la planche, 2 bouts avec plusieurs mousquetons, des outils, 2 sifflets étanches, une frontale avec accus de rechange et une veste coupe vent/pluie, le tout dans un sac étanche.
Coté matériel SUP : forcément le SUP, mon ITIWIT X900, la pompe à main facile 20 PSI, 2 ailerons, 2 leashs, un chariot de transport pour les portages, 8 sangles (4 à clips, 4 à verrou) et 2 pagaies démontables ITIWIT Carbone 900.
Côté bivouac : une tente Forclaz Trek MT900 2 places (un peu de confort), un matelas Thermarest neoair & un sac de couchage -17 degrés (merci Christophe pour ce prêt)
Côté cuisine : un jetboil Minimo, une bouteille de gaz, des allumette étanches, une cuillère, une gourde/paille Lifestraw, une gourde isotherme, des amandes, des bananes séchées et des Lyophilisés (2000 Kcal / jour)
Côté change : pour la navigation, chaussure étanche de randonnée avec chaussettes étanche Verjari. Une combi semi étanche de chez Starboard, un gilet de flottaison ITIWIT 50N normé EN iso 12402-5, des gants de kayak Mystic (avec paume ouverte pour sentir la pagaie), une casquette et des lunettes de soleil (flottantes) et pour finir 2 tenues sous couches constituées d’un collant/d’un T-shirt première couche et d’un pull deuxième couche de chez Salomon
Côté électronique : une go pro avec ses accessoires, 8 batteries, Un gps garmin edge touring, un Inreach Garmin explorer +, une coque étanche pour le téléphone, 2 batteries de 30 000mAh (je compte pouvoir faire une recharge à mi parcours)
Côté habits : minimaliste, une tenue pour tous les soirs & le voyage. Pantalon de trekking, collant trekking, première & deuxième couche trekking + veste goretex. A cela on ajoute un bonnet & pour la nuit un combo collant/t-shirt/cagoule
Et voilà, on met tout ce beau monde dans des sacs étanches ultra léger de chez seatosummit en prenant soin de mémoriser où sont les affaires (utiles de prendre des couleurs différentes). le tout ira dans des sac 140l de chez Ortlied, avec système de zip étanche, idéal pour mettre sur le SUP
Jour J : Samedi 23 avril 2022
3h, le réveil sonne, c’est dur. Départ pour Roissy Charles de Gaulle à 4h. Pour une fois, circulation fluide mais déjà beaucoup de monde à 5h du matin dans l’aéroport. Le temps de s’enregistrer, passer les contrôles…j’arrive à 7h15, l’embarquement a commencé. Pas de stress, la journée va être longue.

Après une escale sur Francfort, direction Tallinn. Là, Kätlin & Ivari, des amis estoniens, m’attendent pour un lunch break. Ils m’amèneront ensuite à la gare routière où je prendrai un bus pour Hummuli, à 3h de Tallinn. Ce village est le point de départ de cette randonnée, le début de l’aventure pour un débutant comme moi.
Premier bivouac, il est impératif de trouver déjà de l’eau. Après 3 tentatives infructueuses auprès de 3 maisons car propriétaires absents, j’aperçois une cheminée qui fume. Ni une ni deux, je me dirige vers cette maison. Du monde dehors, c’est bon signe. J’interpelle une dame et j’essaie de lire la carte que j’avais préparée pour demander de l’eau en estonien. Laborieux est le mot mais la dame parle anglais, sauvé. Elle me remplit mes gourdes, 6l soit 2 jours d’autonomie complète sur le SUP et pour les repas. Nous discutons, elle est intriguée par ce SUP trip qui lui parait un peu fou, surtout par cette saison. Elle décide de m’accompagner sur le lieu du bivouac, elle va me montrer une source d’eau naturelle. Les chiens en profitent, balade en campagne. Nous avons discuté une bonne heure, de nos cultures, de nos vies. En partant elle me demande de regarder si je ne vois pas son chien qui s’est échappé il y a 2 mois quand la rivière était encore gelé. Le doute subsiste, il a pu traverser et est maintenant perdu ou il s’est noyé. Je la tiendrai informé le lendemain mais je n’ai malheureusement rien vu, ni entendu.
J2 : Hummuli - Pikasilla / 24km - 5h
Belle nuit sous la tente, pas de condensation, je suis super content de mon choix. J’ai du changer ma trekk 900 contre une Hilleberg nammatj 2 gt. Certes, ça n’a rien à voir en termes de prix mais c’est hyper efficace, une tente 4 saisons. Je remballe le tout avant que la pluie s’invite, le ciel est bouché. Léger vent upwind mais plus une brise qu’autre chose, j’ai hâte de monter sur le SUP. Paquetage des affaires, 23kg sur l’avant de la planche, moins derrière. Mise à l’eau et c’est partie. Le temps est frais mais sans plus, idéal pour une journée à pagayer. Plus j’avance, plus la pluie et présente et le vente forcit de plus en plus. Un bon vent N-NO, de quoi me faire une journée complète en upwind. Comme on dit, tout se mérite, alors on y croit. Pour cette première journée, j’avais prévu 35km et un début de navigation sur le Võrtsjärv, au final, ça sera une mise en jambe de 24km. Merci Tuule-Emä, déesse du vent. La rivière n’est pas très large, cela permet de contemplé le paysage, sauvage et de croiser quelques oiseaux. Le montage du bivouac se finira sous la pluie.
J3 : Pikasilla - Talu / 35km - 8h30
Nuit sous la pluie, non stop. Paquetage sous la pluie, ça craint. Le vent est là, encore. Dès l’entrée du lac, c’est le carnage, prise au vent des sacs, rame d’un seul côté, lac démonté, très choppy. Bref, ça me rappelle les conditions de l’Enfer de L’ouest 2022. La journée va être dure. Pas de possibilité de se mettre sous le vent donc je décide de tirer le plus droit possible afin de limiter les kilomètres. Cela reste mon point de vue, mais pagayer sur de tels lacs s’apparente pour moi à pagayer un peu en mer. Les rives sont loin, pas de faune, bref, ce n’est pas ce qui aère le plus le cerveau. Bilan, 35km en 8h28. Là, je me dis que niveau perf, c’est pas terrible. Dur de sortir des référentiels de courses ou d’entrainements. Après ces 8h sous la pluie et le vent, on peut dire que remonter la tente mouillée dans ces conditions ne m’attire pas vraiment. Heureusement, à la sortie du lac, un ranch de tourisme est présent. Personne, pas de chance. Une voiture arrive, j’interpelle la conductrice, elle me dit que ce n’est pas ouvert, la saison n’a pas commencé. J’insiste un peu, elle appelle les propriétaires. Ils acceptent de me louer une maison. 4 chambres, sauna….bref, le luxe, c’est plus grand que mon appartement. Je m’installe tranquillement et la propriétaire passe me voir. Nous discutons, là encore, surprise sur mon projet et me demande si j’ai ce qu’il faut pour manger. Confirmation, miam, j’ai mes lyophilisés. Elle me dit qu’elle revient et là, le top, elle me ramène un bocal d’aiguilles qu’elle a préparé. Recharge du moral, séchage des affaires, une douche chaude, que demander de plus.
J4 : Talu - Tartu / 51km - 7h
Ouverture des yeux, ouverture des rideaux…..enfin le soleil. Le Võrtsjärv est juste magnifique. Pas de vent, la chance sourit à ceux qui savent attendre. Une belle journée de navigation en perspective. Aujourd’hui, je début la navigation sur l’Emajõgi, rivière qui me conduira jusqu’au lac Peipsi, le 4eme plus grand lac d’Europe. Un petit courant portant, des reflets de soleil, j’ai la banane, ce petit sourire qui reste bêtement sur votre visage tellement vous vous sentez bien. Les paysages défilent, la navigation est plus agréable que sur le Võrtsjärv, non pas à cause de la météo, juste car je retrouve plus de vie sauvage, surtout des oiseaux et la chance, un castor croise ma route (pas longtemps, dès qu’il m’aperçoit, il plonge). Toute le long de cette journée j’aperçois des habitats de castors, des amas de branches. Petite pause figues & amandes à Reku Paadi. Je croise beaucoup de chaises le long du rivage, elles sont là, dans des états souvent abimés mais elles servent, pour les pécheurs, car oui, définitivement l’Estonie est un pays où la pèche est omniprésente, toute générations confondues. Seul point noir, de petites cabanes de fortune, souvent aménagées avec des bâches en plastiques, bâches qui sont la plupart du temps en piteux état et contribuent à la pollution des rivages et de l’eau. A 5km de Tartu, je décide de m’arrêter pour bivouaquer. Demain c’est le grand jour, je rencontre Mariliis de Estonian Fund for Nature. La nuit sera fraiche et non, elle ne sentira pas la chaussette !!!
J5 : TARTU - Koosa Lõkkekoht Ja Metsaonn / 37 km - 5h
Le quart d’heure de gloire aujourd’hui ou plutôt une partie de mon objectif pour ce projet. Je rencontre Mariliis de Estonian Fund for Nature au club de kayak de Tartu, seconde plus grande ville d’Estonie avec ces 95 000 habitants. Je reprécise le pourquoi de ce projet, mon affecte pour l’Estonie, les futurs projets et je remets symboliquement un chèque un bois (rassurez vous, le virement est bien réel) du montant de notre levée de fond, un grand merci aux donateurs. Mariliis avait prévu un petit cadeau de son côté, une plaque de chocolat noisette pour remonter le moral. Je suis allé visité les locaux de Estonian Fund for Nature et après une tasse de thé et une bonne heure de discussion, il est temps de me remettre en route, l’objectif du jour étant de rallier le lac Peipsi.
La traversée de Tartu se fait sans soucis, quelques bateaux de plaisance, toujours attentionnés pour ne pas faire trop de vagues. Un air de navigation sur la Seine sur ce tronçon, on se sent chez soi. Très vite, retour à un paysage plus sauvage. Le vent forcit de nouveau et je me retrouve dans une configuration identique à celle du Võrtsjärv avec une rame côté droit uniquement. J’avais localisé une zone natura 2000 avec un spot aménagé pour dormir, un cabanon en bois ouvert sur 2 côtés avec bancs & table. Je décide de m’arrêter là pour la nuit, cela sera plus sympa qu’en proximité de ville et me permettra d’éviter de me prendre ce satané vent sur le lac Peipsi en fin de journée, la météo prévoyant un renforcement.
J’arrive donc sur le base camp et je vois 2 pneumatiques accrochés aux arbres. Je ne serai donc pas seul ce soir. J’attache ma board avec le bout & le mousqueton que j’ai en permanence devant et débarque mon matériel. 3 tentes, le cabanon aménagé avec des bâches, bouteilles de gaz, 3 grosses bombonnes d’eau, chaises, tables… c’est clair, ce n’est pas un simple bivouac. Je trouve un endroit pour ma tente. Le sol est très meuble, très humide. Je galère un peu mais finis par trouver le moyen de rendre la tente stable. Là, j’entends « Paddlllle, Paddlllle !!!! ». Je sors de la tente et là, je découvre mon colocataire de ce petit bout de paradis. Bon, teint rouge, mine pas très avenante. Je me dis que la soirée va être dure. Le gars me fait comprendre qu’ils ont 4 bateaux et que donc, mon paddle doit dégager de là. Je la joue fairplay, je ne bronche pas et je m’exécute. Vraiment, la soirée va être longue. Finalement il m’interpelle et me parle en Russe. Forcément, je ne comprends rien et lui dit que je suis français. Action-réaction, il me dit « Macron ». Et oui. Bref, il discute, merci google translate et on arrive à dialoguer entre geste, anglais et traduction. Comme j’ai bien aussi manger, il me montre les salaisons qu’il fait avec ce qu’il pèche et je comprends qu’il passe un mois ici et que des amis le rejoignent de temps en temps pour le ravitailler et pécher avec lui. ça ce déride donc, il me propose de la vodka mais bon après la journée à pagayer, je le sens pas.
Un de ces amis arrivent, balance par terre une belle brème et commence à allumer le feu. Je men rapproche car là, ça commence à piquer sévère et l’humidité n’arrange rien. Sympa, il m’apporte une chaise pour que je m’assois à côté du feu. La soirée s’annonce mieux. Il commence à préparer une soupe, 2 patates, de l’eau, thym, laurier et voilà. Il préparer la brème qu’il fera bouillir dans la soupe pour donner du gout. Entre temps, les 2 derniers pécheurs arrivent. Ils mettent la table, je vais chercher mon lyophilisé. Grands cris, ils me montrent une chaise, une assiette à leur table et me font comprendre de venir avec eux. Bon, là, le verre de vodka est déjà servi. On ne peut refuser, on trinque et hop. Bon ça décape un peu après 5h de rame mais bon, ça s’appelle le respect. On ne va donc pas s’arrêter en si bon chemin, il veut me resservir. Je refuse, je sens le traquenard, on a les mêmes en France. Il se met à taper sur sa jambe et là, je tape dans le translate « On ne repart pas sur une jambe ». Il rigole et me fais signe que oui. Décidément, les expressions de soirées alcoolisées sont universelles. J’accepte donc le deuxième. Il m’en repropose un que je refuse et sans soucis, n’insiste pas. Il me tape sur l’épaule et me dit « Tradition ». Et oui, ces 2 petits verres créent des liens, du partage, casses les codes. Ils me servent une superbe assiette de soupe, le poisson, du pain. Un vrai repas de roi. On finit avec un thé bien chaud et hop, tout le monde au dodo, il est 20h30. A oui, ici, le soleil se lève tôt, avant 5h du matin, il fait jour.
Encore une bonne nuit de sommeil mais bonnet de rigueur et gants. Au réveil, la tente est gelée à l’extérieur, une fine pellicule de glace sur la rivière également. Ce n’était donc une impression, la température à bien baissée.
J6 : Koosa Lõkkekoht - Võru / 16km - 2h44
Les pécheurs m’ont conseillé de ne pas finir l’Emajõgi car c’est large et sans intérêt. Il me dise de passer par un petit bras, la Koosa Jõgi qui débouchera sur le lac Peipsi également mais avec une largeur de 25m max. Je suis les conseils et passe par cette petite rivière qui effectivement est très agréable à naviguer. Toujours un petit vent de face mais il se gère sans trop de soucis. Après 2h de rame, me voici sur le lac Peipsi. La Russie est juste en face (enfin loin quand même). Des blocs de glaces dérivent tranquillement, 2 semaines plus tôt, le lac était encore gelé. Je me dirige vers Varnja, à 3-4km plus loin.
J’ai décidé de ne pas continué sur le lac Peipsi car l’intérêt est limité. Certes sur le plan sportif, cela permet de faire 70km de plus mais sur le plan découverte, à gauche des roseaux, à droite le lac sans vision de la rive Russe. Cette journée sera donc une journée étape et de transfert vers la ville de Võru, ville départ de la Vohãndu Marathon.
J7 : Võru - journée off - 163km au compteur en 5 jours
Cette journée de repose fera du bine à mes mains qui comment à avoir de plus en plus de bandage. Mauvais réflexe, avec tout ce vent de face, j’ai trop serré ma pagaie. On appelle ça l’expérience. Sinon, visite de Võru, un vrai repas, bref, un moment tranquille et une longue balade dans Võru et aux abords du lac sur lequel, chaque année, le coup d’envoi de la Võha,du Marathon est donné. La Võhandu, c’est avant tout une grande fête. 1500 personnes, en kayak, paddle, aviron, vélo sur flotteurs, bref, c’est la fête. C’est la fête mais la course fait 100km tout de même. Pour moi, cela se fera sur 2 jours, je suis en randonnée, pas en race. Võru possède le pont suspendu le plus long d’Estonie, 110m. Une ville avec de superbe maison secondaire et des maisons plutôt délabrées, en droite ligne de l’époque soviétique.
J8 : Võru - seul au monde / 52km - 7h15
La Võhandu jõgi s’annonce plus calme que prévu. Un léger courant portant, très léger. C’est flat. La rivière est étroite, quelques arbres en travers mais ne bloquant pas la progression, de petits rapides sans risques, sans pierre cachée, ça avance, le but étant aujourd’hui de faire une cinquantaine de kilomètres. Il faudra attendre le portage du barrage de Leevi pour trouver la partie la plus marrante avec des rapides plus engageant sans être du classe 3 non plus. Néanmoins, ça sera pour moi l’occasion de tester l’étanchéité de ma combinaison avec une petite chute dans un rapide. Eau à moins de 4 degrés, ça passe. Je rejoins un groupe de rafters qui étaient partis avant moi, avantage du SUP, c’est plus maniable et donc plus rapide dans cette rivière. Petite pause amande / figue et discussion avec le groupe. En fait c’était une sortie associative avec des réfugiés Ukrainiens. Nous avons discuté une bonne demi heure, partagé nos fruits, amandes….comme un peu tout le long du parcours, les gens sont surpris de mon périple, surtout en solo. Pour moi, c’est la clé du partage, un voyage en duo n’aurait pas conduit aux mêmes moments de partages. Merci à eux pour les infos de moi dans la caverne, toujours plus compliqué en selfie. Je poursuis ma descente et trouve dans un méandre un endroit pour bivouaquer. le terme seul au monde prend tout son sens, c’est juste le top, le chant des oiseaux, le bruit de la forêt, de la rivière…..magnifique.
J9 : Seul au monde à Võõpsu / 41km - 5h54
Une nuit parfaite, encore une. Je peux dire que j’engrange des petits bonheurs sur cette randonnée. Le temps de ranger le bivouac et c’est reparti pour finir la Võhandu. Cette partie est redevenue calme. Toujours un paysage sauvage, quelques panneaux annonçant les distances restantes pour boucler le marathon. J’ai la chance de tomber sur le reste des aménagements de la course de la semaine précédente. Un portage me coutera une partie de mon dos, un petit claquement en bas, pas grand chose mais la douleur reste permanente. Petit changement sur la façon de pagayer pour limiter la douleur et c’est reparti. L’adaptation fait partie de l’expérience et sans casse matériel, pas de raison pour arrêter. J’arrive à Rãpina pour le denier portage. Je repère les lieux, un gars est assis sur les rocher avec sa bière. Il me dit de me mettre à l’eau ici. Après avoir transféré mon matériel, il m’aide pour mettre le paddle à l’eau. Nous discutons un peu et il m’apprend qu’il a fait le marathon la semaine dernière, en aviron à 4. Il trouve lui aussi que mon parcours est délirant et ne comprend pas pourquoi faire autant de kilomètres. Je rigole, la remarque vient d’une personne qui s’est fait 100km la semaine précédente en 8h de course. Je reprends mon parcours vers Võõpsu sachant qu’au final, je reviendrai en bus à Rãpina pour dormir. Parfois, je me demande pourquoi tant de détour !!! Finalement, la fin de la rivière est plutôt calme. Une fois arrivé au port, je remballe et là, quasi 2h d’attente pour le bus. La température chute de plus en plus et je passe en mode montagne, ne laissant que la place pour y voir. La nuit sera confort dans un appartement à proximité de la gare de bus, départ pour Kose-Uumõisa à 7h.
J10 : Rãpina - Kõse Uuemõisa / 11km - 2h
Grosse Journée de transit avec un aller en bus jusqu’à quasiment Tallinn pour faire machine arrière et aller sur Kõse. J’arrive sur Kõse en milieu d’après midi, c’était prévu dans le planning donc la navigation sera courte, juste le temps de s’éloigner un peu de la civilisation. Quand je vois la rivière, la Pirita, je me dis que le niveau d’eau est franchement bas et la rivière bien chargée en branches, arbustes…Petite baisse de moral, la navigation s’annonce un peu différente de ce à quoi je m’attendais. En effet, lors de la planification de mon voyage, j’avais consulté un club local de kayak qui m’a précisé d’oublier mon projet au mois de juillet car le niveau serait trop bas et que les arbres en travers serait pénibles à traverser. 2 mois avant, je m’aperçois que c’est un peu pareil. Je m’équipe et pars à la découverte de cette nouvelle rivière. Beaucoup, beaucoup d’arbres en travers, j’arrive globalement toujours à passer en me rapprochant de la rive ou en les faisant couler pour les plus petits. Beaucoup de déchets également bloqués par les arbres qui sont en travers. La navigation est donc sportive mais pas pour des raisons de rame. Après 2h de rame, je trouve un endroit qui me parait bien pour bivouaquer, juste dans un lacet. Je suis accompagné des chants des oiseaux et grenouilles, c’est top. Je monte la tente, accompagné par une grenouille qui ne me lâche pas, qui sait, peut être une princesse Estonienne…..ou un prince, il vaut mieux ne pas l’embrasser donc !!! Le soleil se couche sur une journée principalement faite de transit, mais cette petite navigation m’a fait plaisir, elle me rapproche de mon but, arrivée sur Tallinn via la mer baltique.
J11 : Pirita Jõgi - la fin de l'aventure / 1h27 - 3km
Encore une belle nuit, avec le chant des grenouilles. La journée s’annonce bien, le soleil est là, je vais avancer tranquillement, demain je dois finir cette aventure avec Ivari, mon ami Estonien. Je démarre et là, sous un peu, quelques pierres sur les rives, j’approche doucement, le milieu est dégagé, je passe et là, c’est le drame. je prends un taquet et je sens que le tracking du paddle n’est plus le même. Je redoute une casse d’aileron, pire, du boitier. Des ailerons, j’en ai 2 autres dans le sac. Pour le boitier, la réparation ne peut se faire sur la rive, j’avais prévu un système avec des sangles. J’arrive sur la berge, pas d’endroit sympa pour débarquer donc je saute dans l’eau à 4°, je m’enfonce dans la boue à mi mollets, du bonheur. Je sors les sacs du paddle, je le retourne et là, constat amer, le boitier est cassé, il ne tient que par l’arrière et fait drapeau dans l’eau. A défaut de complètement se lamenter, je me dis que c’est le moment de tester mon système de secours. L’aventure est faite d’imprévues que l’on essaie d’anticiper au mieux. J’avais déjà cassé un boitier par méconnaissance, inexpérience, là, je pensais vraiment avoir pris les précautions. Je monte donc mon système, quelques améliorations à prévoir au retour mais sur le papier, ça à l’air de fonctionner. je me remets à l’eau, remonte les sac et c’est parti. Bon, le tracking n’est pas au top mais il fait le job. Le vent de face n’aide pas mais je suis quand même surpris du résultat. Quelques mètres plus loin, de nouveau un arbre en travers, totalement infranchissables. Je me remets donc à l’eau, je sors les sac…. et je me remets à l’eau. Le sourire s’efface quelque peu de mon visage, la journée va être longue. Quelques mètres plus loin, ça recommence. Après avoir fait ça plusieurs fois, je décide que non, ça suffit, ce n’est pas du plaisir, ce n’est pas de la douleur dans l’effort, ce n’est pas ce surpasser, c’est juste galérer pour galérer, sans intérêt. Je fais demi tour et retrouve une route que j’avais vu quelques centaines de mètres avant. Cela sera donc 1km de marche avec tout le matériel pour prendre le bus direction Tallinn. Fin de l’aventure. Je me consolerai avec le dernier chocolat que m’avait donné Kätlin au départ de mon périple.
Alors la suite ?
La suite est assez simple. Mon ami est venu me récupérer à mon hôtel pour aller découvrir une plage réputée pour le Kite surf (sans moi avec un gros vent Nord Ouest, une eau à même pas 4 degrés, ils sont fous).
Le reste de mon séjour a été partagé entre redécouverte de Tallinn, que je recommande à tout le monde et construction d’une terrasse en bois. Comme quoi, les vacances peuvent prendre parfois des tournures différentes mais toujours riches en découvertes. En effet, j’ai pu aller chercher avec la femme d’Ivari dans plantes dans la forêt pour faire notre pesto pour nos pates, boire du « jus d’arbres » possibles uniquement pendant 2-3 semaines avant la montée de la sève, faire une petite navigation sur la Baltique et prendre du plaisir avec des gens sympa. C’est aussi ça le voyage.